Quelle est aujourd’hui votre méthode culturale ?
Je me suis installé à mon compte fin 2019 en reprenant une exploitation de concombre sous serre à Sandillon dans le Loiret. J’ai fait le choix de rejoindre l’organisation de producteurs SOPA, et sa structure commerciale Kultive, notamment en raison de l’implication forte de ses producteurs dans la transition agroécologique et de l’émulation que cela génère sur le plan de la technique.
Mon exploitation est certifiée Haute Valeur Environnementale niveau 3 depuis 2020 (NB : les productions sous-serre ne peuvent être certifiées agriculture biologique), ainsi que Demain La Terre, et je suis également engagé dans une démarche zéro résidu de pesticides.
Ce qui me motive c’est de faire ce qui est le mieux pour ma culture, même si cette démarche n’est pas forcément facile à valoriser commercialement aux yeux du consommateur.
Qu’est-ce qui vous a poussé à vous intéresser au biocontrôle ?
A titre personnel, j’ai toujours été intéressé par l’agroécologie et par les alternatives aux produits phytosanitaires classiques, notamment les micro-organismes.
Pour moi, comme pour les autres producteurs de la SOPA, les solutions de biocontrôle sont l’avenir. Et le fait qu’elles soient complexes à maîtriser et ne se présentent pas comme des « produits miracles » les rend d’autant plus intéressantes à mes yeux.
A ce jour, j’utilise plusieurs produits de biocontrôle pour assurer un bon état sanitaire tout au long de mon cycle de culture.
L’usage du biocontrôle a-t-il impacté vos pratiques ?
Afin d’installer les micro-organismes dans les meilleures conditions, j’ai fait le choix à mon arrivée sur l’exploitation de passer d’un substrat inerte (la laine de roche) à un substrat semi-organique à base de tourbe et de fibres de coco.
L’anticipation est aussi clé dans les pratiques que j’ai mises en place. Avec les produits de biocontrôle, nous sommes sur du préventif, et non sur du curatif, il est donc très important d’anticiper afin de conserver un bon état sanitaire, notamment parce que le pythium peut se développer très vite.
De façon générale, pour bien travailler en serres, il faut être près de ses plantes. L’observation est primordiale.
Comment avez-vous connu Tri-Soil et comment avez-vous travaillé avec Agrauxine ?
Je connaissais déjà Agrauxine pour y avoir fait un stage au moment de mes études (j’avais à l’époque travaillé sur la problématique des maladies du bois de la vigne) et comme je le disais, j’ai toujours été intéressé par les micro-organismes.
C’est pourquoi nous avons, avec la SOPA, directement pris contact avec les équipes d’Agrauxine pour savoir si elles travaillaient sur des produits adaptés à nos cultures et problématiques. Tri-Soil a été essayé au CVETMO (Centre de Vulgarisation et d’Etudes techniques Maraîchères de la région d’Orléans) pendant plusieurs cycles de cultures pour définir un protocole d’utilisation et contribuer à l’obtention de l’extension dérogatoire pour 120 jours de l’homologation du produit (AMM n° 2160686) sur concombre.
J’ai profité de la dérogation AMM de 120 jours accordée l’an passé pour utiliser Tri-Soil dans ma lutte préventive contre le pythium sur concombre. Je n’ai pas encore récolté suffisamment de données précises pour quantifier les résultats et témoigner de l’efficacité du produit mais l’an dernier, les résultats étaient plutôt encourageants. C’est pourquoi je compte le réutiliser cette année pendant mon 2e cycle de culture.
Sur le plan technique, les équipes d’Agrauxine nous accompagnent. L’homologation dérogatoire accordée par l’AMM est précise et limite les préconisations à 10 kg/ha maximum par cycle cultural, même si pour ma culture, j’aimerais pouvoir faire plus d’applications.
Pour vous, qu’est-ce qui pourrait favoriser l’essor des solutions de biocontrôle et faire qu’elles soient davantage utilisées par les producteurs à l’avenir ?
De notre point de vue, il n’y a pas de questions à se poser : les solutions de biocontrôle représentent l’avenir donc il faut s’y intéresser.
En revanche, bien qu’elles soient dans la pratique assez simples à utiliser, ces solutions impliquent des approches plus complexes et multifactorielles et sont donc plus complexes à mettre en œuvre. Sans compter qu’elles représentent aussi un coût non négligeable pour les exploitations.
Pour nous, il y aurait besoin d’encore plus d’accompagnement et de suivi dans le déploiement des solutions de biocontrôle, avec par exemple plus d’analyses et de résultats d’essais, pour mesurer leur efficacité sur les cultures et suivre leur évolution.
Et sur le plan règlementaire, plus de flexibilité et de souplesse sur les temps d’homologation seraient également les bienvenues parce que les produits de biocontrôle ne fonctionnent pas comme les produits phytosanitaires classiques.
Homologation dérogatoire de Tri-Soil (AMM n° 2160686) pour une durée de 120 jours, du 14 mai au 11 septembre 2021, pour un usage contre les champignons de type pythiacées en Concombre : https://agriculture.gouv.fr/produits-phytopharmaceutiques-autorisations-de-mise-sur-le-marche-dune-duree-maximale-de-120-jours
Plus d’informations sur Tri-Soil : http://agrauxine.com/fr/produit/tri-soil/
Pour en savoir plus sur la SOPA et sa structure commerciale Kultive : https://www.kultive.fr/
Crédit photo : Christophe Montigny